Être rédacteur en free-lance à l’ère de ChatGPT
Comment les rédacteurs en free-lance s'adaptent-ils à l'avènement de ChatGPT et à l'évolution rapide de l'intelligence artificielle dans leur domaine ? Dans cet épisode, vous découvrirez le parcours unique de Josselin Henno, ancien juriste, reconverti en rédacteur et consultant éditorial pour les entreprises B2B du secteur IT. Josselin partage son expérience de la transition vers le free-lance, l'impact de ChatGPT sur ses méthodes de travail et sa vision de l'avenir de la rédaction dans un environnement technologique en constante évolution. Plongez avec nous dans les défis, les opportunités et les perspectives d'avenir que la rédaction free-lance rencontre à l'ère de l'intelligence artificielle.
Ancien juriste IP/IT, Josselin s’est reconverti au marketing de contenu en 2020. Après s'être formé en agence au sein de MV Group à Rennes, il s’est mis à son compte : aujourd'hui, il est rédacteur et consultant éditorial pour les entreprises B2B du secteur IT.
Josselin Henno
Rédacteur en free-lance
Julien Redelsperger : « Et pour cela j'ai le plaisir d'être accompagné par Josselin Henno qui est rédacteur en freelance spécialisé dans les contenus B2B et IT. Bonjour Josselin, merci de participer à cet épisode d'AI Experience. Comment vas-tu ? »
Josselin Henno : « Bonjour Julien, merci à toi pour ton invitation, ça va très bien. »
Julien Redelsperger : « Et bien tant mieux, écoute avec plaisir. Aujourd'hui on va parler de création de contenus et de rédaction, un sujet qui est évidemment très impacté par l'intelligence artificielle. Avant de rentrer dans les détails Josselin, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots et m'expliquer ce qui t'intéresse particulièrement dans le monde de la rédaction ? »
Josselin Henno : « Oui, alors je suis rédacteur freelance depuis janvier 23. Je me suis formé au marketing de contenu en agence et avant ça j'étais juriste en droit du numérique. Donc la rédaction c'est un métier qui correspond à ma personnalité, à mes compétences parce que je suis très curieux, quand je bosse sur un sujet je veux toujours en savoir plus pour avoir toutes les pièces du puzzle. J'aime écrire, c'est une discipline qui me permet de mettre de l'ordre dans mes idées, dans celles de mes clients. Je trouve ça très satisfaisant de comprendre un sujet complexe, de le restituer avec pédagogie. Et puis enfin, j'aime l'idée d'aider mes clients à se rapprocher de leurs clients grâce à l'écriture. »
Julien Redelsperger : « Et donc je disais, tu es plutôt spécialisé B2B et informatique. Qui sont tes clients et pour qui tu travailles ? »
Josselin Henno : « Alors je travaille pour des agences et puis des entreprises B2B uniquement dans le secteur IT. Donc en fait, en résumé, la transformation numérique est le fil conducteur de tous les contenus que je rédige. Je bosse sur des sujets ERP, cloud, data, cybersécurité, jumeau numérique et puis intelligence artificielle aussi. »
Julien Redelsperger : « Très bien, ça tombe bien, c'est le sujet du jour. Alors, difficile de ne pas évoquer ChatGPT quand on parle de rédaction. Quand cette nouvelle techno a débarqué fin novembre 2022, quelle a été ta réaction ? Est-ce que tu t'y attendais ? Et surtout, est-ce que ça a pu te mettre le doute à un moment où toi, tu étais, si je ne me trompe pas, dans un projet de changement de carrière ? Tu t'apprêtais de passer du monde de l'agence, salarié, au monde freelance, avec les incertitudes que ça comporte. »
Josselin Henno : « Exactement, j'étais salarié en agence et je préparais le lancement de mon activité freelance depuis plusieurs mois. Et puis, fin 2022, j'ai vu la déferlante, comme tout le monde. Mais je me suis rassuré en me disant qu'il y avait une grosse part de buzz et je ne me suis pas plus inquiété que ça. Puis de toute façon, ça n'aurait pas eu de sens de m'arrêter avant même d'avoir commencé. Il fallait que j'essaye. »
Julien Redelsperger : « Tu n'as jamais eu un doute ? Tu n'as jamais eu peur en disant "je me lance dans un métier qui potentiellement pourrait disparaître dans le futur" ? »
Josselin Henno : « Alors, oui, j'ai eu un doute parce que je doute beaucoup de manière générale, mais je ne m'arrête pas à ça en même temps. Si on a peur, on ne fait pas grand-chose. Donc, je me suis dit "oui, c'est un sujet important, on va s'y intéresser de plus près". Mais à ce moment-là, donc fin 2022, début 2023, j'avais d'autres priorités. C'était le lancement de mon activité et puis d'aller chercher du business le plus rapidement possible pour rendre mon activité viable le plus rapidement possible aussi. C'est dans un deuxième temps que je me suis un peu plus penché sur le sujet. »
Julien Redelsperger : « Oui, c'est ça, parce que je me souviens au printemps 2023, notamment sur LinkedIn, tu partageais des avis, parfois assez critiques, sur l'utilisation de chat GPT dans la rédaction de contenu. Pourquoi ? Et est-ce que tu as changé d'avis ? »
Josselin Henno : « Oui, tu vois, je me suis intéressé au sujet assez rapidement quand même parce que c'était vraiment une folie début 2023, tout le monde en parlait. Et donc, c'était impossible de passer à côté du sujet. Ça a vraiment saturé l'espace, surtout sur LinkedIn. C'est un petit monde, LinkedIn, mais pour les personnes qui sont freelancers et puis dans les métiers du marketing notamment, c'est un outil où il se passe énormément de choses, où on parle beaucoup et l'IA, c'était le sujet inévitable. Et donc, on a vu à ce moment-là, beaucoup de gens qui sont devenus des experts autoprogrammés très rapidement. Et puis, c'est fou la vitesse avec laquelle les gens se sont mis à l'IA. Et en fait, à force de me documenter, c'est vite devenu irrespirable d'entendre autant d'opinions. Donc, ça a participé à une forme d'agacement. Et puis, l'agacement que j'avais à ce moment-là, c'était peut-être la béatitude de certains, alors que les résultats qui étaient mis en avant, moi, me paraissaient vraiment pas bons du tout. »
Julien Redelsperger : « Surtout qu'à l'époque, on était sur GPT 3.5, la version 4 n'était pas encore disponible, je crois... »
Josselin Henno : « Exactement. Et puis, il y a eu aussi des usages très néfastes. Là, quand j'ai commencé à voir des commentaires automatisés sur LinkedIn, sur des publis, les miennes ou d'autres, là, ça a été un peu la goutte d'eau. Donc, effectivement, il y a eu une grosse phase d'agacement au printemps, au printemps 2023. »
Julien Redelsperger : « Et toi, c'est quoi ton positionnement face à ChatGPT ? En tant que rédacteur, est-ce que c'est un outil que tu utilises ? Est-ce que ça a transformé, par exemple, quelque part, ton approche de la rédaction au quotidien ? »
Josselin Henno : « Oui, complètement. Parce que, passée la phase d'agacement, je me suis dit que je ne pouvais pas en rester là. Je me suis obligé à penser un peu contre moi-même. Et puis, j'ai intensifié mes efforts de veille pour comprendre vraiment en profondeur comment ça marchait, puisque ça impliquait en particulier dans les métiers de l'écriture. Et puis, il y avait une démarche très sincère aussi. J'étais curieux de savoir si cette techno pouvait menacer mon business ou, au contraire, être une opportunité. »
Julien Redelsperger : « Et la conclusion, c'est quoi ? Si tu as réussi à aller tirer une conclusion, est-ce que c'est une menace ? »
Josselin Henno : « Non, pas pour moi. Non, bien sûr que c'est une menace pour pas mal d'usages qui sont en cours depuis un certain temps. Mais voilà, au fur et à mesure que je me suis mis à utiliser GPT 3.5 dans un premier temps, et puis ensuite, j'ai pris mon petit abonnement, j'ai bossé sur GPT 4, je me suis rendu compte que le truc était vraiment très intéressant, très utile dans mon métier, mais en même temps, qui ne se substituait pas à moi pour un certain nombre de tâches. Je me suis dit, oui, il faut s'en servir. C'est un outil qui doit intégrer ma boîte à outils au même titre que beaucoup d'autres outils. Et voilà, il n'y a pas de raison de rester en fait dans une espèce de dichotomie où il y aurait les contenus humains, ça, ce serait bien d'un côté, et puis les contenus IA de l'autre, et ça, ce n'est pas bien, il faut vraiment s'en tenir éloigné. J'ai essayé d'avoir une approche beaucoup plus nuancée et puis de voir comment je pouvais utiliser l'outil pour gagner en productivité. C'était vraiment l'objectif, d'ailleurs, ça l'est toujours. Et puis à côté, pour ne pas me perdre non plus, il y avait quand même une idée de continuer de faire de la qualité parce que je me suis lancé dans cette voie-là pour faire des beaux contenus et je n'avais aucune intention de céder à je ne sais quelle sirène et puis de faire du volume pour du volume. Ce n'était pas du tout ça l'idée. Oui, c'est ça. »
Julien Redelsperger : « Toi, ton positionnement, ce n'est pas forcément le moins cher ou le plus rapide, si je comprends bien, mais tu es plutôt sur la création de contenus personnalisés, fouillés, techniques, une approche pour laquelle ChatGPT peut être une aide, mais pas un remplacement complet. »
Josselin Henno : « Oui, c'est ça. En fait, c'était mon intuition en dehors de la problématique IA, on va dire, je me suis lancé dans la rédaction avec cette envie de faire des beaux contenus. Je dis que c'est un parti pris. C'est sûr que je ne suis pas le moins cher et je n'ai jamais eu la volonté d'aller sur ce terrain-là. Mais par contre, je me suis spécialisé dans l'IT, c'est pour une raison, c'est parce que ce que je vends à mes clients, justement, c'est des prestations de rédaction qui sont expertes. En fait, quand mes clients me parlent, je comprends de quoi ils parlent et je ne suis pas en train de faire du contenu pour faire du contenu. Après, pour aller un petit peu plus loin, comment ChatGPT m'a aidé en fait ? Et là, je te dis, c'est dans les premiers mois de mon activité, puisque ça faisait trois, quatre, cinq mois que j'étais lancé et que je commençais à utiliser de manière de plus en plus régulièrement l'outil. Et en fait, ça m'a aidé à accélérer mon travail de conception. Donc, ce n'est pas du tout adapté à toutes les situations. Tu vois, par exemple, quand je fais des comptes rendus d'événements, ce n'est pas du tout pertinent parce que ça ne me fait pas gagner du temps, au contraire. Par contre, si je pars sur un contenu où j'ai un brief très léger pour édiger un article de blog assez long, je vais avoir un énorme travail de conception. Et pour ça, ChatGPT est hyper intéressant parce que je vais l'utiliser pour faire mon plan détaillé beaucoup plus rapidement. »
Julien Redelsperger : « D'accord. Tu peux me donner d'autres exemples d'utilisation de ChatGPT dans ton quotidien de rédacteur ? »
Josselin Henno : « C'est le seul, mais en fait, c'est hyper large parce que la conception, c'est beaucoup plus que la moitié de mon temps de travail. Quand on dit rédacteur freelance, en fait, on n'est pas en train de rédiger comme un moine copiste du matin jusqu'au soir sur un article. Mettons un article de mille mots, tu vois, je ne vais pas rédiger pendant une heure comme ça et dire au bout d'une heure, bon, qu'est-ce qu'on pourrait améliorer ? Je vais passer deux heures, trois heures à concevoir. C'est-à-dire que je vais aller chercher toutes les pièces du puzzle, voir comment tout ça pourrait s'agencer. Et à ce moment-là, ce n'est pas du tout de la rédaction, c'est de la conception, en fait. Donc, j'essaye de prendre toutes les idées qui sont pertinentes, nécessaires pour traiter l'article, pour traiter le sujet de la manière la plus efficace possible pour la cible. Et puis ensuite, c'est un puzzle. Il faut que je remette tous les éléments dans le bon ordre pour que ce soit agréable à lire. Et finalement, ou alors une autre image qu'on pourrait utiliser pour bien comprendre. C'est comme si je dessinais, en fait. Et puis la partie de dessin, elle prendrait la moitié, voire les trois quarts de mon temps. Et ensuite seulement, je vais colorier. Et le coloriage, finalement, la rédaction en elle-même, oui, c'est technique, mais en fait, ce n'est pas le plus difficile quand on a l'habitude d'écrire. Et quand on a bien conçu son plan en amont, c'est assez simple. »
Julien Redelsperger : « D'accord. Ce que je comprends, c'est que tu différencies la phase de conception pour laquelle tu t'appuies un peu sur ChatGPT et les outils d'intelligence artificielle de la phase de rédaction, où là, pour le coup, c'est vraiment toi qui travaille seul face à ton ordinateur. »
Josselin Henno : « Oui, schématiquement, c'est ça. En fait, quand j'utilise ChatGPT, il n'y a quasiment rien, voire rien de ce qui est généré par l'IA qui va se retrouver dans le contenu que je vais livrer à mon client. C'est pour ça que quand on dit contenu généré par l'IA, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, parce qu'il faut aller un petit peu plus loin dans la compréhension de comment a été utilisé l'outil pour rédiger le contenu. Et dans la mesure où tu l'utilises uniquement pour la conception, mon article de 1000 mots, peut-être qu'en amont, je vais avoir rédigé 10 000, 15 000 ou 20 000 mots à l'aide de ChatGPT. Et puis voilà, ensuite, je vais aller me servir dans mon coffre à jouets, prendre ce qui me plaît. Parfois, il y a des petits bouts de phrases que je vais reprendre tel quel, mais c'est assez rare parce que ça convient rarement. Enfin, ce n'est pas grave. C'est une matière première, une matière brute qui peut être très pertinente et qui, moi, dans mon cas, me fait gagner beaucoup de temps. »
Julien Redelsperger : « Est-ce que si je te montre un texte, est-ce que tu es capable de détecter, comme ça, à vue de nez, par expérience, s'il a été écrit par ChatGPT ou non ? »
Josselin Henno : « Tu veux dire générer à 100% sur la base d'un prompt ? Il ne faut pas faire trop le malin avec ça parce qu'un ChatGPT bien bien paramétré, avec les custom instructions qui sont très bien faites et un prompt qui est très bien fait, peut te générer un texte où effectivement, tu peux ne pas savoir. Il faut aussi avoir en tête que ce n'est pas parce que c'est écrit par un humain que c'est qualitatif. Et du coup, à priori, je te dirais non par prudence parce que si c'est très bien fait, ça peut faire illusion. Maintenant, pour utiliser énormément l'outil, et puis tous ceux qui utilisent ChatGPT au quotidien le savent, il y a quand même des erreurs… »
Julien Redelsperger : « Il y a des formules qui reviennent et des petites habitudes de la rédaction. Moi, je pense notamment à la gestion de la syntaxe en français, notamment les majuscules, les espacements après les deux points ou avant les deux points, etc. ChatGPT s'inspire de l'anglais et il réplique en français la syntaxe anglaise. »
Josselin Henno : « Mais est-ce que tu as paramétré l'outil pour justement qu'il génère en français ? »
Julien Redelsperger : « Oui, mais parfois, malgré tout, il fait quand même, notamment dans les titres, il met des majuscules à tous les mots, qui est une pratique qu'on voit en anglais, mais effectivement qui est fautive en français. »
Josselin Henno : « Oui, par exemple, ce genre de signe, ça ne trompe pas. Maintenant, si c'est très bien fait, encore une fois, ça peut faire illusion. Moi, en fait, ce qui me dérange le plus dans les textes qui sont générés à 100% par IA, c'est que c'est extrêmement bavard, il y a très peu de fond, en fait. Mais finalement, ce qui fait qu'il y a très peu de fonds, c'est juste qu'il n'y a pas eu une discussion suffisamment approfondie avec l'outil. Et donc, on en revient finalement à ce travail de conception qui est en fait une conversation entre moi et l'outil tel que je l'ai paramétré. Et en fait, quand je parle de conversation, c'est vraiment ça. Tu vois, moi, j'aime bien l'idée, l'image que ChatGPT renvoie, c'est comme un miroir pour la pensée. Pour obtenir des résultats pertinents, il faut poser les bonnes questions, il faut donner les bonnes instructions. Et en fait, ce travail-là, ça t'oblige à organiser et à clarifier ta pensée. Et finalement, c'est comme si tu avais une discussion avec toi-même, mais que... C'est comme si tu avais une discussion avec toi-même, et en fait, ça m'arrive de trouver des pistes d'écriture en rédigeant mes promptes, tu vois. Donc, c'est l'utilisation, tu vois, pour répondre à ta question, qu'est-ce que ça a changé dans mon quotidien ? En fait, ça m'apporte quelque chose en soi, mais c'est aussi le fait d'utiliser l'outil d'une certaine manière qui m'a permis de... Qui me permet de devenir un meilleur rédacteur d'une certaine manière. »
Julien Redelsperger : « Il y a un côté un peu philosophique et maïeutique ou on accouche de soi-même, développer ses pensées contre soi-même, etc. »
Josselin Henno : « Exactement, c'est ça. Parce que quand tu... Quand tu fais l'effort de te poser les bonnes questions, donc de poser les bonnes questions à l'IA, t'as déjà fait une bonne partie du travail. »
Julien Redelsperger : « Et alors, toi qui utilises l'intelligence artificielle, comment est-ce que tu vois évoluer ton métier dans les prochaines années ? Ça fait un an et demi bientôt que tu es rédacteur en freelance, mais avant ça, t'avais plusieurs années d'expérience en agence où tu gérais des rédacteurs. Comment est-ce que tu vois les choses évoluer dans le futur ? Ça va être quoi l'avenir de ce métier, s'il en a un ? »
Josselin Henno : « Oui, il y en a un déjà pour te répondre. Ouais, il faut se garder de... Personne ne peut lire l'avenir, et puis le métier de rédacteur en freelance, c'est hyper vaste en fait. Moi, je me rends compte tous les jours qu'il y a vraiment mille manières de pratiquer ce métier-là, et donc on ne va pas vivre cette évolution de la même manière. Et puis en plus, on est vraiment au début de l'ère de l'IA, donc tu vois la montée en puissance des concurrents d'OpenAI, ça va être quelque chose à suivre de très près, parce que ces nouveaux services d'IA générative, vont continuer de rebattre les cartes. Il y a eu un avant et un après, on dit "ouais, fin 2022, c'est arrivé", mais en fait, c'est une révolution qui est en cours, et donc on peut s'attendre à ce que les résultats, les possibilités soient toujours plus intéressantes. Et puis pour les rédacteurs en particulier, comme je te dis, il n'y a pas de réponse toute faite, je pense que ça dépend beaucoup de leur positionnement. Si tu te positionnes sur de l'entrée ou moyenne gamme, une grosse dominante SEO dans ton approche, je pense que ça va être compliqué de survivre sans changer de modèle, parce que c'est sur ce genre de contenu à forte dominante SEO, que l'IA va très vite rattraper l'humain si ce n'est pas déjà fait. Par contre, si tu te positionnes sur du haut de gamme, de l'expertise, et que tu fais des contenus pour des humains qui sont exigeants, en travaillant avec des humains qui sont exigeants aussi, c'est-à-dire en allant interviewer des experts, des choses comme ça, le métier va rester globalement le même, je pense, parce que la psychologie humaine ne va pas évoluer aussi vite que l'IA. Et les attentes des humains ne vont pas évoluer aussi vite que ce que va proposer l'IA. Donc voilà, moi ça me semble assez peu envisageable de se passer de cet outil-là dans les métiers de la rédaction, ça existe, c'est possible. Maintenant, je trouve que ça n'a pas... C'est dommage parce que c'est un outil qui est quand même très très pratique. Et puis si tu te concentres sur tout ce que l'IA ne peut pas faire, si tu développes toutes ces compétences-là, en fait, il n'y a pas trop à s'inquiéter. »
Julien Redelsperger : « Et justement, tu fais une transition parfaite sur ma prochaine question, justement en termes de compétences, quelles sont-elles ? Quelles compétences penses-tu qu'un rédacteur doit développer pour justement rester pertinent quand on parle d'intelligence artificielle ? Est-ce que toi, tu t'es auto-formé depuis la sortie de ChatGPT pour rester pertinent dans ton domaine ? »
Josselin Henno : « Alors déjà, je me suis auto-formé à ChatGPT, mais de manière... Enfin, sur le long terme, en utilisant l'outil, tout simplement, je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Après, toutes les infos, tu les trouves en ligne, pas besoin d'acheter une formation hors de prix. Ça peut être utile si tu n'as vraiment pas le temps et que tu veux tout apprendre en deux jours, mais le mieux, ça reste quand même de l'utiliser sur le long terme en cherchant vraiment à ce que ça réponde à tes problématiques du quotidien. C'est là où tu vas vraiment faire des expérimentations qui peuvent porter leurs fruits. Après, pour répondre à ta question sur quelles compétences je dois développer, en fait, là, pour le coup, ça ne concerne pas uniquement la rédaction. De manière générale, on doit tous se former en continu. Enfin, je pense que c'est important d'être toujours un peu débutant, toujours un peu étudiant et de ne pas se reposer sur ses acquis. Enfin, voilà, là, tu vois, j'enfonce des portes ouvertes. Concrètement, l'IA ne sera jamais aussi forte que nous sur le savoir-être, sur la perspicacité, sur l'intelligence émotionnelle, l'humour, l'originalité. Donc, tu peux apprendre, il faut apprendre à faire du compte engineering, c'est important, mais voilà, si tu veux vraiment te démarquer et puis offrir des prestations singulières et qui ne peuvent pas être remplacées par l'IA, c'est sur ces compétences qui sont purement humaines. »
Julien Redelsperger : « D'accord. Alors, peut-être que ces compétences sont plus faciles à acquérir quand tu as déjà un peu de bouteille. Toi, tu as déjà 10, 15 ans d'expérience professionnelle derrière toi, d'abord en droit, puis en agence, puis en rédaction. Tu as pu acquérir et faire mûrir toutes ces compétences. C'est peut-être plus difficile pour un jeune qui sort d'une école de commerce ou autre, ou qui autodidacte, et qui se lance en rédaction freelance, par exemple. »
Josselin Henno : « Oui, peut-être. Maintenant, ce serait quand même un peu fou de se lancer en rédacteur freelance à 20 ans. Pourquoi pas après, la valeur n'attend pas le nombre des années. Tu peux avoir 20 ans, 25 ans, et puis avoir déjà ce savoir-être, cette intelligence émotionnelle. Je suis beaucoup là-dessus. C'est mon positionnement, la compréhension de la psychologie humaine, la compréhension des besoins de mes clients, et puis aussi dans la manière dont je vais rédiger. Il y a une grande part de psychologie, ça joue un rôle clé dans mon travail. Ça se travaille, bien sûr, mais tu peux être jeune et avoir déjà ce bagage-là. C'est aussi une question de personnalité, où est-ce que tu mets l'attention. »
Julien Redelsperger : « Quand tu parles à tes clients, entreprises, est-ce que le sujet de l'IA revient sur la table, dans les conversations ? Est-ce que contractuellement, des clients te disent "Nous, c'est le sens d'intelligence artificielle". Est-ce qu'ils sont conscients des enjeux, de la transformation que tout ça implique ? C'est quoi ton sentiment quand tu parles à des pros ? »
Josselin Henno : « C'est resté assez longtemps une espèce de tabou. Ça correspond à cette période-là, début 2023, même toute l'année 2023, où il y avait des avis très tranchés, et carrément caricaturaux. Pour les rédacteurs, c'est le bon sentiment. Ça ne correspond pas forcément à une réalité vécue par tous. On était de plus en plus à l'utiliser, à y voir de l'intérêt, mais à ne pas oser l'afficher, parce qu'on n'était pas positionnés sur l'utilisation de l'IA, et qu'on ne voulait pas se décrédibiliser, peut-être. Moi, concrètement, dans les relations avec mes clients, ça est arrivé quelques fois sur la table, mais finalement, on était plutôt dans l'ordre de la posture que de la vraie réflexion. On me disait "Nous, nos contenus, c'est sans IA, de toute façon, ce n'est pas vraiment possible par rapport à nos besoins, aux besoins de nos clients, etc." Mais tu sens aujourd'hui que c'est un peu différent, parce que tout le monde a gagné en maturité sur le sujet. On n'est plus en train de se dire que les choses sont binaires. C'est ce que je te disais tout à l'heure, j'ai utilisé l'IA, mais rien de ce qui a été généré par l'IA ne se retrouve dans le contenu que je livre. C'est une approche qui est un peu différente, moins binaire. »
Julien Redelsperger : « Et toi, au quotidien, tu traites avec quoi ? Les services marketing, communication des entreprises, c'est ça ? »
Josselin Henno : « Oui, et puis des agences aussi… »
Julien Redelsperger : « Et les agences, qu'est-ce qu'elles te disent sur le sujet de l'IA ? Est-ce qu'ils ont conscience de cette transformation qui est en train de se passer ? Ou c'est juste finalement une évolution logique, comme l'évolution technologique ? Avant, il n'y avait pas Google, après il y a eu Google, maintenant il y a ChatGPT, etc. »
Josselin Henno : « Oui, c'est vaste, parce que Google, ça évolue aussi énormément. Ils sont obligés de bouger. En fait, ce n'est pas une discussion qu'on a au quotidien, parce que le boulot, finalement, il n'a pas radicalement changé. Les projets qu'on avait l'année dernière, on continue d'avoir le même type de projet aujourd'hui. Finalement, il y a un décalage entre le bruit qu'on peut avoir, par exemple, sur LinkedIn. Tu as l'impression que tout va très vite et qu'il faut se positionner très rapidement, etc. Mais dans le business, les gens s'en parlent du sujet, oui. Mais j'ai l'impression que, globalement, les gens gardent la tête froide et continuent à faire ce qu'ils font. Ils font évoluer leur pratique, comme toujours. Et puis, c'est une techno importante, mais ce n'est pas au cœur de tous les business. »
Julien Redelsperger : « Tu disais que tu utilisais ChatGPT, notamment sur la phase de conception, d'idéation. Est-ce que tu as des trucs et astuces à partager pour bien utiliser ChatGPT ? Je sais que tu n'es pas formateur autoproclamé sur ChatGPT, mais est-ce que tu as des choses à nous partager pour améliorer, justement, notre utilisation ? »
Josselin Henno : « Oui, qu'est-ce que je pourrais te dire ? En fait, le plus important, c'est de l'utiliser beaucoup, d'être curieux, d'expérimenter des nouvelles choses. J'ai mis plusieurs mois avant de me dire que ça peut me faire gagner du temps. Il y a eu toute une phase où j'ai accepté d'en perdre, parce que j'avais l'intuition qu'il fallait insister. Et donc, il faut prendre ce temps, je pense, d'expérimenter des nouvelles choses. Après, les custom instructions, il faut vraiment le faire. Je ne sais pas si c'est accessible quand tu n'as pas l'abonnement, mais vraiment, c'est un truc qui est important. Pour ceux qui ne connaissent pas, les custom instructions, ce sont les paramètres que tu vas préciser dans l'outil, dans ChatGPT. Et donc, tu as une partie où tu dis qui tu es, et tu as une partie où tu dis ce que tu attends. Mais ça peut être très poussé. Et la différence que ça fait sur les résultats qui sont générés, elle est très importante. Ça permet, par exemple, d'éviter le risque d'hallucination quand ChatGPT te répond pour te répondre. Mais par contre, si tu la paramètrerais en lui disant que tu n'inventes rien, quand je te demande de répondre à une question ou de développer les points pertinents sur un sujet en particulier, tu vas aller chercher des sources sur le web, puisqu'il le fait maintenant. Mais surtout, tu n'inventes rien. Après, il y a tout un tas de choses que j'ai précisé en disant quelle est ma fonction, quelles sont mes attentes, qu'est-ce qui est important pour moi, qu'est-ce que je veux faire ressortir dans mon travail, qu'est-ce que j'attends de l'outil par rapport aux instructions que je lui donne. Et puis, justement, les instructions, oui, toujours faire en sorte qu'elles soient précises et complètes. La manière de rédiger des promptes, c'est vraiment un sujet à part entière. Parce que je te disais, c'est le miroir de ta pensée. Il faut apprendre à poser les bonnes questions, à rebondir sur les réponses qui ne sont pas pertinentes à tous les coups. Et en fait, à comprendre aussi ce qui peut être intéressant dans les réponses que te fait l'outil. Il ne faut pas être trop pressé. Il y a un mélange un peu subtil à trouver entre précision des instructions et puis capacité à s'adapter aux réponses, à ne pas être trop directif. Et puis, ça te permet de suivre parfois des pistes un peu inattendues et intéressantes. C'est ça que j'aime bien. »
Julien Redelsperger : « Est-ce que toi, tu as utilisé d'autres outils d'intelligence artificielle générative, autre que ChatGPT ? Ou est-ce que tu t'es concentré, spécialisé sur cet outil ? »
Josselin Henno : « Non, je me suis vraiment spécialisé sur celui-là parce que j'avais envie de le maîtriser. C'est un bien grand mot parce qu'en fait, je continue d'apprendre encore aujourd'hui. Et puis l'outil évolue sans ça, il y a souvent des nouvelles versions, des nouvelles fonctionnalités. Maintenant, tu vois, c'est pas le cœur de mon métier en fait. Donc, je me sens pas obligé de connaître tous les outils sur le marché. Si tu as besoin, si tu es menuisier et que tu as besoin d'une scie circulaire, tu ne vas pas devenir spécialiste du rayon scie circulaire chez Leroy Merlin. Tu vas juste prendre l'outil qui répond à tes besoins et puis en fait, après tu reprends ton travail. Voilà, ça c'est mon approche. C'est pour ça que je m'oblige pas à aller voir tout ce qui se fait. Maintenant, il y a quand même des nouveautés qui m'intriguent énormément. Je suis un peu ce que fait Mistral en ce moment. Et puis, je pense que oui, je vais essayer d'autres outils. Mais encore une fois, dans la mesure où je bosse énormément aussi sur les compétences que l'IA ne peut pas avoir, je ne peux pas non plus passer trop de temps sur ces outils. »
Julien Redelsperger : « Est-ce que tu es en mesure de nous partager un exemple de projet rédactionnel où justement l'IA a été vraiment utile et t'a vraiment aidé à peut-être une success story à nous partager ? »
Josselin Henno : « Je n'ai pas d'exemple à donner comme ça. Je regarde ce qui se fait. Je vois qu'il y a beaucoup d'expérimentations qui sont faites. Et puis voilà, quand ça sort, on se dit mais c'est fou, c'est fou qu'on arrive à faire ça avec l'IA. Mais en fait, oui, c'est vrai que c'est fou. Mais ce qui est généré en soi, est-ce que c'est vraiment intéressant ? Donc oui, des success stories, tu en as de plus en plus. Mais aujourd'hui, c'est surtout les vendeurs de pioches qui font succès. Tu vois, par exemple, moi, je crois que ceux qui ont bien compris les avantages de l'IA pour faire évoluer certains métiers, finalement vont se spécialiser dans cette utilisation sectorielle de l'IA. Tu ne peux pas être expert IA au sens large. En fait, je ne parle pas des ingénieurs informatiques qui travaillent sur l'IA. Je parle des gens qui vont être capables de bien utiliser l'outil et d'expliquer aux autres comment bien utiliser l'outil pour répondre à leurs besoins. Et tu vois, si par exemple, tu te positionnes sur le marché des avocats, des professionnels du droit, je dis ça parce que c'est un exemple que je vois sur LinkedIn. Et voilà, l'utilisation de l'IA pour ces professionnels là, elle va avoir du sens parce que justement, tout est axé par rapport à ses besoins. En fait, tu ne peux pas avoir une connaissance de l'outil sans avoir une connaissance métier. Si tu veux avoir des résultats pertinents, il faut les deux. »
Julien Redelsperger : « D'accord, tiens, tu me fais penser à une petite question bonus pour toi parce que tu le disais que tu as, si je ne me trompe pas, tu as fait une thèse en droit, c'est ça ? »
Josselin Henno : « Je ne l'ai pas soutenue, attention, je ne suis pas docteur ! »
Julien Redelsperger : « Avant de te réorienter dans la rédaction et la création de contenu, travailler avec des avocats, travailler avec des cabinets juridiques, est-ce que c'est quelque chose qui t'aurait intéressé ? »
Josselin Henno : « Pour te dire, je l'ai fait à un moment et puis c'est une prestation que j'ai écartée de mon offre. En fait, j'avais conçu une formation LinkedIn pour les professionnels du droit parce qu'à l'époque, je trouvais qu'ils n'étaient pas assez présents sur ce réseau et je me disais qu'il y avait quand même quelque chose à faire. J'ai travaillé dans ce sens, ça m'a plu un temps et puis en fait, ce qui ne me convenait pas, c'est que mon offre n'était pas claire parce qu'à côté, je continuais de rédiger sur l'IT, vraiment en dehors de la sphère juridique. J'avais l'impression de me couper en deux et de ne pas être capable d'avoir une offre claire. J'ai fait le choix, tu vois, ça faisait 8-9 mois que je travaillais en freelance, j'ai fait le choix de mettre de côté cette offre qui était pour les professionnels du droit et de me concentrer sur la rédaction IT. Et puis en plus, ce qui m'a aidé à faire ce choix, c'est que j'ai vu que d'autres le faisaient et le faisaient très bien. Et je me suis dit, bon, laissons les faire parce que moi, il y a d'autres choses qui m'intéressent beaucoup et où je peux me démarquer. »
Julien Redelsperger : « Dans le futur, si on se projette un peu dans un an, deux ans, cinq ans, où est-ce que tu te vois et est-ce que tu t'imagines toujours rédacteur en freelance ? »
Josselin Henno : « C'est assez difficile à dire. En fait, moi, là, je suis dans ma deuxième année en freelance. Donc voilà, même si je ne suis pas chef d'entreprise avec des tas de problèmes que ça peut engendrer, c'est quand même une petite entreprise. Et du coup, là, moi, j'ai surtout l'intention de consolider mon business. Je me vois encore faire ce que je fais aujourd'hui, à savoir rédiger des contenus, articles, livres blancs, comptes rendus, infographies, des choses comme ça pendant deux ans, trois ans. Maintenant, mes objectifs, ils sont ailleurs, en fait. Et puis les opportunités, elles vont venir toutes seules à partir du moment où je vais concrétiser ce que j'ai envie de faire. Je vais travailler un petit peu plus de manière collégiale avec des personnes qui ont des expertises complémentaires des miennes. Puis continuer à me former aussi, tu vois. Et puis rencontrer des gens, en fait, que ce soit des clients ou des pairs. Je pense que c'est comme ça, en fait, qu'on fait son petit bonhomme de chemin et qu'on peut être tenté de faire autre chose. Maintenant, l'écriture, ça aura toujours une part importante dans ma vie. »
Julien Redelsperger : « Tu es basé en Bretagne, tu travailles de la maison, donc c'est plutôt un métier qui a tendance à isoler. Est-ce que tu te déplaces ? Est-ce que tu rencontres tes clients ? Tu voyages un peu ? »
Josselin Henno : « Oui, un peu. Maintenant, isoler, c'est ce que je cherchais en me mettant en freelance, parce que je suis quelqu'un de... J'aime beaucoup la solitude, mais en fait, je suis quelqu'un aussi de très sociable. Donc je vais provoquer. C'est ça la différence avec le salariat, c'est que quand tu es en freelance, il faut provoquer les rencontres. Donc là, tu vois, par exemple, je vais aller à Paris prochainement pour le Moulot, ou alors je vais voir les collègues à Rennes, des rédacteurs ou d'autres freelances qui font autre chose. Et voilà, c'est juste la petite différence, c'est que si tu ne fais pas l'effort, on ne va pas venir te chercher. Mais moi, dans la mesure où je suis bien seul 3 ou 4 jours par semaine, ça ne me demande pas beaucoup d'effort. »
Julien Redelsperger : « Alors, on a beaucoup parlé de l'IA générative parce que le sujet, c'était évidemment la rédaction. Maintenant, dernière question pour toi, si on prend un peu de hauteur, est-ce que tu utilises également des outils d'IA pour la gestion administrative ou l'aspect plus commercial de ton activité ? »
Josselin Henno : « J'ai envie de te dire peut-être, peut-être parce que j'ai le sentiment que l'IA, elle se fait de moins en moins visible et que je ne sais pas toujours finalement dans les outils que j'utilise, si l'IA est utilisé pour, tu vois, par exemple, sur la gestion de mes finances, mon compte pro. Je ne sais pas en fait, si ils utilisent l'IA pour faire de la reconnaissance de factures ou des choses comme ça. J'ai l'impression que parfois, quand ils proposent certains services, ça ne peut fonctionner qu'avec de l'IA. Maintenant, voilà, on ne peut pas creuser tous les sujets non plus. »
Julien Redelsperger : « Tu veux dire que tu n'utilises pas, tu n'as pas des processus d'automatisation pour envoyer tes devis, relancer tes factures, je ne sais pas, faire ta promo en ligne, etc.? »
Josselin Henno : « Non, parce que j'ai mon business, il est assez simple en fait. J'ai peu de clients et quand j'ai des relances à faire, quel que soit le motif, ça se fait assez simplement. L'automatisation, ça devient pertinent quand tu arrives sur des gros volumes, tu vois. Moi, c'est un peu un gros mot dans ma manière de travailler. C'est quelque chose que je n'envisage pas en fait, parce que voilà, je me vois un peu comme un artisan et je contrôle tout ce que je fais. Après, qui sait, tu vois, si mon business grossit, peut-être que j'aurais intérêt à automatiser certaines choses. Aujourd'hui, j'utilise les bons outils. Je trouve qu'il y a quand même pas mal de choses qui sont vraiment bien faites aujourd'hui. Pour les freelances, tu vois, les devis, les factures, je fais tout depuis le même outil. C'est assez facile. »
Julien Redelsperger : « Ok, parfait. Écoute, merci beaucoup, Josselin. Alors, à la fin de chaque épisode, l'invité du jour doit répondre à une question posée par l'invité précédent sans que celui-ci n'en connaisse le nom. En attendant d'écouter la tienne, je te laisse écouter celle de Michaël Noblot, qui est directeur délégué de la Technopole de l'Aube en Champagne. On l'écoute. La question que je vais poser, c'est est-ce que vous pensez que l'intelligence artificielle sera un remède aux enjeux climatiques et environnementaux ou un accélérateur de la dégradation de la situation actuelle et future ? »
Josselin Henno : « À court terme, c'est évident que l'IA va être un accélérateur parce que ça consomme énormément d'énergie. Il faut beaucoup d'infrastructures et puis de puces qui sont très performantes, ne serait-ce que pour l'extraction, puis ensuite pour l'exploitation de ces infrastructures. C'est une débauche d'énergie. Maintenant, si on regarde sur le plus long terme, j'ai le sentiment que les problèmes climatiques auxquels on fait face sont tellement complexes qu'on ne peut pas y arriver tout seul. L'intelligence humaine n'est peut-être pas suffisante pour trouver des réponses à ces enjeux. Donc, si je te fais une réponse un petit peu à la Normande, je dirais que... »
Julien Redelsperger : « C'est pas très loin. Tu es en Bretagne ! »
Josselin Henno : « Mais je dirais que ce n'est pas un motif pour s'empêcher d'y aller. De toute manière, ce serait utopique de vouloir freiner l'avancement de cette technologie. Mais il faut plutôt peut-être concentrer davantage nos efforts sur la manière dont on peut l'utiliser pour résoudre ou du moins trouver des solutions à ces problèmes-là. »
Julien Redelsperger : « Tu t'es jamais dit, toi par exemple, pour cette tâche-là, je ne vais pas utiliser l'IA parce que c'est consommateur de ressources, d'énergie, etc. »
Josselin Henno : « Non, parce que j'ai conscience de mon empreinte carbone au niveau individuel. Maintenant, je ne suis pas du tout dans une démarche comme ça d'ascèse ni de culpabilité. À mon échelle, je considère que mon usage est raisonnable. Maintenant, j'ai bien conscience que c'est la somme de tous les usages raisonnables qui fait qu'on a un usage raisonnable au niveau collectif. Non, ce n'est pas un outil dont je souhaite me passer pour ces raisons-là aujourd'hui. »
Julien Redelsperger : « D'accord, donc l'IA plutôt comme piste de solution plutôt que source de problème, si j'entends bien ce que tu dis. »
Josselin Henno : « Sur le long terme, oui. Mais là, on ne parle pas seulement de l'IA générative, on parle de formes d'IA qui sont beaucoup plus avancées et qu'il faut faire travailler sur ces sujets-là. »
Julien Redelsperger : « D'accord, parfait. Très bien, écoute, je garde cette réponse. Alors à toi à présent, Josselin, quelle question aimerais-tu poser au prochain invité ? »
Josselin Henno : « Alors, ma question, c'est comment l'humain peut utiliser l'IA pour créer du lien entre les humains ? L'IA et puis les technos en général peuvent donner le sentiment qu'on s'éloigne les uns des autres, qu'on perd de vue finalement ce qui est essentiel. J'ai aussi l'intuition que les gens veulent revenir vers des rapports humains un peu plus vrais, un petit peu plus intenses. Et donc voilà, la question c'est, est-ce que l'IA peut nous aider à le faire ? »
Julien Redelsperger : « D'accord, parfait. Écoute, je garde la question. On a parlé également il y a quelques minutes d'IA invisible quand Josselin expliquait que parfois il utilisait l'IA sans le savoir. Sur ce sujet, je vous renvoie à un épisode précédent du podcast où on parlait d'Apple et de l'IA invisible avec mon invité Laurent Pantanacce, parce que c'est un sujet effectivement qui est clé. Merci beaucoup de ta participation, Josselin. Je rappelle que tu es rédacteur B2B spécialisé dans le secteur IT. Merci d'avoir participé à ce podcast. »
Josselin Henno : « Merci pour ton invitation. »