Le tourisme et l’IA : une révolution à venir ?
L'avenir du tourisme est-il déjà écrit par l'intelligence artificielle ? Dans cet épisode d’AI Experience, nous plongeons au cœur d'une conversation captivante avec Christelle Taillardat, directrice de l’Agence Départementale du Tourisme de l’Aube. Christelle nous dévoile comment l'IA façonne déjà le paysage touristique et esquisse les contours d'un futur où les voyages sont plus personnalisés, accessibles et durables. Découvrez les défis et opportunités que l'IA présente pour le secteur du tourisme, des voyages et des loisirs. Si vous vous interrogez sur l'impact de la technologie sur vos prochaines escapades, cet épisode vous offre des réponses nuancées et des perspectives inédites. Rejoignez-nous pour une exploration où la technologie rencontre le voyage, guidée par une experte à la croisée de l'innovation et du tourisme.
Ingénieur en génie électrique et IHEDN 2015, Christelle Taillardat dirige depuis 12 ans l’Agence Départementale du Tourisme de l’Aube qui inclut un bureau des congrès, le Slow Tourisme Lab et un pôle d’hospitalité résidentielle.Investie dans l’innovation, l’entrepreneuriat et le tourisme durable, elle siège au conseil d’administration de l’Agence Nationale des Chèques Vacances, au comité stratégique national de Datatourisme et estVice-présidente du Moovjee (Mouvement pour les jeunes et étudiants entrepreneurs).
Christelle Taillardat
Directrice
Merci beaucoup de te joindre à moi Christelle. On va parler tourisme, on va parler intelligence artificielle, probablement aussi un peu d'hôtellerie, de restauration, de voyage, de loisirs. Avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, nous expliquer ton métier et surtout pour les gens qui ne connaissent pas, nous dire deux mots sur la ville de Troyes et le département de l'Aube en tant que destination touristique.
« Oui, alors je suis Christelle Taillardat, je dirige effectivement l'agence départementale du tourisme qui est un peu originale puisque c'est à la fois la stratégie touristique du département, la stratégie de tourisme d'affaires, donc toute l'industrie du MICE puisque nous sommes bureau des congrès, nous avons un incubateur de slow tourisme qui s'appelle le slow tourisme lab et récemment nous avons monté une agence d'hospitalité pour accueillir les nouveaux arrivants sur le territoire. Donc moi dans ce paysage là, j'ai un cursus un peu original puisque je suis ingénieur de formation, très intéressée évidemment par tout ce qui est techno comme beaucoup d'ingénieurs, technophiles et puis je suis arrivée dans cette région pour des choix personnels que je ne regrette absolument pas parce qu'on y vit vraiment très bien. Cette région c'est l'Aube, l'Aube c'est en Champagne, la Champagne c'est au nord-est de la France et on peut dire que c'est un territoire qui se situe dans la diagonale nord-est-sud-ouest en France, on l'appelle la diagonale du vide puisque c'était effectivement la diagonale un peu de la désindustrialisation mais surtout qui n'est pas très porteuse à la base pour les imaginaires touristiques. Et pourtant, récemment et notamment depuis le Covid, nous avons vu une vraie recrudescence justement de ce tourisme vert parce que notre enjeu et nos atouts touristiques ce sont les forêts, ce sont les grands lacs, alors évidemment ça va bien faire sourire les Canadiens, mais nous avons quand même trois grands lacs artificiels qui sont magnifiques, les lacs de Champagne. Et puis nous avons une ville de Troyes et un patrimoine historique puisque c'est une région qui n'a pas été bombardée par les deux guerres mondiales donc qui est bien préservée avec des maisons à pans de bois, on se croirait au 15e siècle. »
D'accord, formidable et alors toi quand tu travailles au comité départemental du tourisme, tu es bien sûr en première ligne quand on parle technologie, tu l'évoquais tout à l'heure, selon toi qui sont les grands acteurs du tourisme qui sont les plus concernés par cette vague de l'intelligence artificielle dans le monde du tourisme voyage loisir ? Est-ce qu'on parle des hôtels, des restaurants, des musées etc ? Quelle est ta vision de ce sujet ?
« Alors ma vision, je pense qu'elle est partagée, c'est que nous allons tous tous tous être impactés par l'intelligence artificielle mais il faut y aller progressivement, c'est à dire qu'aujourd'hui ce qu'on voit et qu'il y a beaucoup intervenu dans le tourisme déjà, c'est tout ce qui est IA prédictive, donc c'est l'IA un peu traditionnelle, celle qui fait de la discrimination des données, donc on l'alimente, on l'entraîne sur des données et elle est capable effectivement de prévoir le meilleur tarif pour une saison, pour une chambre d'hôtel, elle est capable d'optimiser tous les systèmes de transport, elle est capable de rendre un bâtiment intelligent et de mettre en coordination tout ce qui est flux d'énergie avec la présence prédictive là aussi des touristes ou la présence prédictive de la météo, elle est capable de gérer les flux de personnes dans les parcs d'attraction, donc effectivement aujourd'hui tout le monde normalement devrait faire un usage de cette IA prédictive, mais ce qui nous arrive est beaucoup et encore plus révolutionnaire, c'est l'IA générative et là l'IA générative c'est encore autre chose puisqu'elle génère ses propres données, en fait elle a utilisé tout ce qui est langage humain pour expliquer et générer des nouvelles données et là on arrive sur un usage dans le tourisme sur tout ce qui concerne les interfaces humaines, le dialogue, les propositions de choix à argumenter, puisqu'elle va pouvoir faire une synthèse d'un séjour dans un cas particulier, donc là on va être très fortement impacté, positivement j'espère. »
Donc ce que j'entends c'est que t'es pas surprise de voir l'IA dans le monde du tourisme parce que ça existait déjà par le passé et aujourd'hui on est juste sur une évolution de ce qui existait déjà en fait avec l'IA générative.
« Oui c'est ça, moi quand j'ai fait mon école d'ingénieur, c'est à dire je suis sortie en 95, on faisait déjà de l'IA, sauf qu'on faisait de l'IA à base de grosses matrices et d'algorithmes de prédiction comme l'algorithme des fourmis, enfin je me souviens qu'il y a énormément d'algorithmes qui existaient déjà, mais les données il fallait qu'on les apporte à l'IA, qu'il fallait qu'on nourrisse l'IA des données. Aujourd'hui elle se nourrit sur internet et elle génère ses propres données, donc là elle est presque une IA autonome maintenant. Quand on voit ChatGPT 3.5, effectivement on voit qu'elle est encore un peu limitée, mais ChatGPT 4, alors là je pense qu'on arrive vers une intelligence qui s'approche largement de l'intelligence humaine. »
Alors Christelle, on a parlé d'intelligence artificielle, c'est intéressant de voir comment le monde du tourisme s'adapte face à ces changements, parce qu'on est quand même sur des changements technologiques, des changements de paradigmes. Comment selon toi les professionnels du tourisme s'adaptent à l'IA dans l'aube ou ailleurs ?
« C'est un progrès l'intelligence artificielle, il faut forcément s'adapter positivement et il faut forcément faire avec. Moi je trouve ça bien que l'Europe fasse un IA Act, mais le vrai sujet c'est d'apprendre à travailler avec, donc il faut entraîner ces IA sur des données, non seulement qui sont qualifiées et qu'on veut voir utiliser, c'est à dire qu'il faut qu'on puisse choisir, nous si tant est qu'on puisse encore choisir, mais en tout cas il faut qu'on arrive à révéler les données qu'on voudrait voir utilisées par cette IA. Donc je pense qu'aujourd'hui un des rôles que nous devons avoir c'est de mieux qualifier les données, avec là bien sûr c'est un vrai travail humain, et d'entraîner les IA, sachant que de toute façon elles vont être très présentes et très performantes. Vous savez qu'aujourd'hui une IA elle est meilleure qu'un médecin, ChatGPT 4, enfin tout ce qui est nouvelles IA génératives, elles sont plus empathiques que les médecins, donc elles ont toute la patience du monde, forcément, donc elles sont capables, au même titre que quand vous allez dans une agence de voyage, je pense qu'au bout d'un certain temps votre conseiller voyage, ben voilà il va être usé, il va être fatigué, il aura envie d'aller manger, l'IA elle n'aura pas envie, elle va vous écouter toute la vie et vous allez pouvoir toute la nuit prévoir votre voyage, et ça, ça va être une vraie révolution, effectivement on va être sur des conseils extrêmement qualitatifs, mais encore faut-il que la donnée de base elle soit aussi qualitative, et ça, ça va être notre rôle. »
Ouais alors la transition est parfaite puisque effectivement depuis la sortie de ChatGPT et d'autres outils équivalents, on voit qu'il y a des techniques qui permettent de créer des parcours de voyage dans le tourisme, en quelques secondes on dit je veux passer un week-end à Paris, je veux passer une semaine à Troyes, qu'est ce que tu en penses d'utiliser l'IA générative pour ça, est-ce que c'est un progrès ou est-ce que c'est un problème, et surtout comment est-ce que les agences de voyage réagissent et peuvent être impactées par ces changements ?
« Je pense qu'aujourd'hui c'est une chance, parce que si elles proposent Troyes, là où peut-être que les algorithmes de choix de Google ne l'auraient pas proposé parce que c'était pas dans le top 10, mais il se trouve que peut-être que la personne a dit je veux aller à 1h20 de Paris, je veux pouvoir tout faire à pied parce que j'ai pas de voiture, donc là effectivement c'est une chance énorme et il faut absolument que nous, les agences et nous les organismes de tourisme, on sache avoir renseigné toutes ces caractéristiques du séjour pour que la personnalisation puisse nous orienter ce touriste là, celui qui va effectivement ne pas forcément connaître Troyes, ne même pas avoir eu l'idée d'arriver à Troyes, mais dans ces paramètres de choix, effectivement l'IA va se dire “bah oui, j'ai quelque chose qui peut matcher”. Donc toute cette agrégation de données qu'on doit faire, elle doit se faire non seulement sur les parcours touristiques, mais aussi sur les utilités non touristiques, les pharmacies, les vétérinaires, que sais-je, parce que quand on vient on a aussi d'autres besoins que le besoin touristique. Et ça, ça va être énorme. »
Et toi dans ton réseau professionnel, tu parles évidemment, tu travailles aussi avec des agences de voyage, qu'est-ce qu'elles te disent de l'impact de l'IA sur leur activité ? Est-ce qu'elles sont inquiètes ou est-ce que c'est un non sujet finalement et qu'elles sont toujours adaptées à toutes les évolutions technologiques et c'est qu'une parmi d'autres ?
« Alors j'ai envie de dire, les moins alertés se disent que c'est une évolution comme les autres, les mieux alertés sont très inquiètes, je crois qu'elles ont raison d'être inquiètes, il faut être clair, et je pense que les meilleurs en tireront un grand profit, parce que effectivement on va pouvoir trouver, j'espère on en reparlera, mais des modèles financiers et des parcours qui sont assez inédits. Mais là, objectivement, j'ai encore rencontré peu d'agents de voyage qui ont cette réflexion pour l'instant. »
D'accord, parce que les agences de voyage sont plutôt des petites entreprises, des petites organisations, comment ils vont penser à tout ça ?
« Déjà quand on est agence de voyage et qu'on a pignon sur rue, c'est qu'on utilise finalement un peu la crainte des gens d'aller chercher soi-même le parcours sur un PC, on a comme clientèle des gens qui ne parlent pas forcément plusieurs langues et qui veulent être rassurés dans leur parcours. Donc elles sont déjà sur un créneau de tourisme sécurisant, donc c'est pas ces gens-là que l'IA va toucher en priorité, évidemment. Ces gens-là, ils continueront certainement encore pour un certain temps d'aller dans les agences. En revanche, si les agences, elles, n'utilisent pas l'IA comme moteur pour proposer le meilleur parcours à leurs clients, elles vont vite être dépassées. Donc moi, je dirais que dans un premier temps, il faut que les agents utilisent l'IA, dans un second temps, il faut être en ligne, il faut aller chercher le meilleur parcours sur des données qu'on aura soi-même qualifiées. »
Alors en préparant cette émission, tu me parlais d'une forme de tourisme à deux vitesses, c'est-à-dire que d'un côté, on aurait un tourisme de masse qui va être toujours de plus en plus important, car relayé par l'IA, et un autre plus discret, plus unique, moins connu, qui n'a pas forcément les données nécessaires pour être sur les radars des outils d'intelligence artificielle. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette vision de tourisme à deux vitesses, qui peut être renforcée par les biais et par le manque de données liés à l'IA ?
« C'est principalement le cas de l'IA discriminative, c'est-à-dire qu'elle, elle va s'alimenter des données qu'on lui donne, donc forcément, si elle va chercher sur Google, comme c'est le cas, enfin sur le web en tout cas, c'est clair qu'elle va utiliser les données qui sont les plus présentes, et elle ne verra pas forcément la chambre d'hôte de Madame Michu, qui pourtant est très bien située, mais n'est pas ouverte toute l'année, est mal référencée, voilà. Donc effectivement, je crains que les premières IA soient des IA de tourisme de masse, et d'ailleurs les premiers moteurs que j'ai pu voir, ils en voient à l'étranger sur des gros spots touristiques avec le meilleur coût et le meilleur trajet possible. Donc ça, je pense que c'est pas, évidemment pas souhaitable pour le développement durable et même pas pour le plaisir que vont en tirer les gens à terme. Il est clair qu'il faudra, je pense que c'est un de nos objectifs, il va falloir entraîner, et les IA génératives vont être plus facilement entraînables là-dessus, non seulement à aller chercher des données plus discrètes, qu'il faudra qualifier, ça veut dire que nous il faut qu'on qualifie ce qu'on appelle aujourd'hui la longue traîne, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas visible et qui va être requêté sur nos systèmes d'information touristique une fois par an, et pourtant, cette fois-là, la personne va particulièrement être contente d'arriver dans un lieu qui justement n'est pas un lieu de tourisme de masse. Et puis la deuxième chose, c'est qu'il va falloir qu'on change les imaginaires, parce que si le tourisme c'est la plage et le sable fin et le cocotier, c'est clair qu'on va encore envoyer les gens tous au même endroit et ils n'auront toujours pas la place de mettre leur serviette sur le bord de la plage. Donc, objectivement, il va falloir que ces IA, on puisse leur expliquer aussi que l'imaginaire touristique de quelqu'un qui pose une question sur "trouve-moi le voyage de mes rêves pour le voyage de noces", et bien il faudrait aussi qu'on puisse lui proposer des choses qui sont dans un concept de slow tourisme, un concept de proximité ou d'apprentissage, de l'histoire, du territoire, des arts manuels... Il faut aussi qu'on arrive à entraîner finalement ces IA sur des concepts sociologiques nouveaux. »
D'accord, notamment en termes de diversité, diversité des tourismes, diversité des territoires...
« C'est ça, oui, et puis peut-être de ce qui finalement rend les gens heureux alors même qu'ils ne l'ont pas souhaité. Parce que tous, quand on nous dit "fermez les yeux, imaginez votre voyage de rêve", on s'imagine tous sur la plage de sable fin avec un coucher de soleil et sous l'ombre d'un cocotier. Donc, c'est pas vrai en réalité, on le sait tous. On sait tous que notre meilleure expérience, c'est pas ça. Notre meilleure expérience, c'est peut-être d'avoir rencontré un agriculteur qui nous a fait visiter son élevage et peut-être d'avoir dormi à la belle étoile avec un groupe d'amis autour d'un feu de bois. Voilà, ça c'est aussi quelque chose de positif qu'il va falloir effectivement impulser dans les moteurs d'IA. »
Et face à ce risque justement que l'IA favorise les grandes destinations populaires, qui sont déjà populaires, déjà existantes, donc qui ont déjà beaucoup de données, quelle stratégie est-ce que toi tu adoptes dans le département de l'Aube pour promouvoir cette diversité des expériences touristiques qui sont nécessairement moins connues et plus orientées comme tu le disais sur le slow tourisme ou sur le tourisme vert, local, écologique, etc.
« Alors nous, en fait, assez simplement, on fait des pages requêtables et justement sur lesquelles les moteurs vont aller s'entraîner, qui parlent des petites cités de caractère, qui parlent de la route des châteaux, qui parlent de patrimoine, qui parlent de calme, de silence, avec toute une sémantique sur laquelle j'espère en tout cas un jour que les gens vont pouvoir souhaiter et donc sur lesquelles ils arriveront comme proposition touristique. Il faut absolument qu'on propose ces autres expériences, il faut qu'on enrichisse les données de ces autres expériences parce qu'il s'agit pas de dire j'ai une cave de Champagne qui peut se visiter à tel endroit, encore faut-il savoir quand, quelles sont les modalités de réservation, le prix, les modalités de visite. Et puis troisièmement, je pense qu'il faut que, en tout cas nous c'est ce qu'on est en train de faire, on est en train de faire une preuve de concept là-dessus, il faut qu'on entraîne des IA sur des couches locales. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on peut faire des outils qui utilisent le moteur GPT par exemple, mais qui l'enrichit avec des données qu'on connaît, qui sont locales, qui sont qualifiées et sur lesquelles le moteur va pouvoir aussi requêter. Il faut qu'on puisse lui enrichir ces données en lui disant tu peux aussi proposer la chambre d'hôte à tel endroit sur le bord du lac de la forêt d'Orient. »
Et toi comment tu fais pour, parce que l'univers du tourisme, notamment dans l'Aube, mais certainement ailleurs, est très fragmenté. Tu as des maisons d'hôtes, des hôtels et des restaurants, mais ils ne se parlent pas forcément entre eux, les informations ne remontent pas forcément toujours vers le comité départemental du tourisme ou l'office de tourisme. C'est quoi la stratégie pour faire en sorte de collecter les bonnes données, les faire communiquer et avoir les meilleures informations qui soient toujours les plus à jour ?
« Oui c'est vrai, mais alors nous on étudie plusieurs choses. Une de nos stratégies c'est l'open data, parce qu'en fait on s'est aperçu que OpenStreetMap par exemple était très riche, parfois même plus riche que nos systèmes d'information. Pourquoi ? Parce qu'il y a des passionnés qui référencent tout, les hébergements à solides, les parkings à vélo, les bancs pour se reposer dans les parcs et tout ça c'est des choses qui sont passées complètement en dessous de nos radars de systèmes d'information touristique. Nous on va chercher le prestataire référencé, qualifié, qui a fait classer son meublé, etc. Ceux-là on les a bien. Mais tous les petits outils périphériques sur lesquels il faut effectivement qu'on puisse aussi compter pour faire des parcours, ça on peut les avoir parfois dans des couches d'open data, parfois dans des couches associatives aussi. Il y a des associations qui sont très bien, je pense notamment à tout ce qui est handicap, il y a des associations qui sont très actives, des associations de familles, de jeunes, qui ont qualifié tout ce qui était plus en référence avec la jeunesse. Donc en fait l'idée c'est de superposer ces couches, certaines bien sûr touristiques et traditionnellement collectées par le système touristique, mais d'autres soit en open data, soit qu'on va chercher par des partenariats. Et c'est toutes ces couches-là qu'on va pouvoir requêter. »
D'accord, et ces données justement, comment est-ce qu'on fait pour s'assurer qu'elles respectent la vie privée des voyageurs ? Parce que tu as des données liées aux déplacements, aux nuités, aux activités touristiques, aux expériences, etc.
« On fait très attention de ne jamais avoir de données personnelles et quand on en a, c'est le cas de nos outils d'observation par exemple, on ne présente que des chiffres consolidés, des pourcentages. De toute façon l'observation touristique c'est un vrai gros problème sur lequel l'IA aura peut-être des grandes avancées à apporter aussi. Pourquoi ? Parce qu'il va falloir requêter sur beaucoup de choses complètement différentes et parfois identifier un signal faible qui finalement va nous montrer que certaines clientèles sont des touristes alors qu'on pensait qu'elles ne l'étaient pas. Je vous donne un exemple, nous on a beaucoup de Polonais sur le territoire, on a toujours considéré que c'était des gens qui venaient travailler dans les vignes mais finalement quand on observe bien, on les retrouve quand même dans les magasins d'usines et à Nigloland, c'est normal, le week-end, ils ont le droit aussi de se détendre. Donc il n'y a pas de raison de ne pas les compter systématiquement, de les évincer de l'observation touristique. »
L'observation touristique, tu peux juste expliquer ce que c'est ? C'est quoi ? C'est avoir une photo à un instant T d'un écosystème touristique ?
« C'est ça, en fait notre problème dans les industries touristiques, surtout dans nos organes institutionnels qui font la promotion du tourisme, c'est qu'on ne sait pas, on a beaucoup de mal à qualifier notre action. Donc on fait une superbe campagne où on fait un super développement de la route des châteaux et en fait on ne sait pas combien de personnes vont utiliser parce que c'est gratuit, parce que finalement ces gens-là, le prestataire final n'aura pas l'idée d'aller identifier les touristes et ceux qui ne le sont pas. Donc en fait on a beaucoup de mal à identifier l'impact de nos actions. Donc l'observation touristique, elle est là normalement pour identifier justement la puissance de l'économie touristique. Là aussi, et ce n'est pas pour rien qu'en France on n'a pas de ministre du tourisme, c'est que le tourisme en fait il est partout. Il est à la fois bien sûr dans les hôtels et les restaurants mais il est aussi potentiellement chez le petit artisan qui va faire visiter sa fabrique de couteaux et qui va faire payer 5 euros. Ça c'est de l'économie touristique, ça ne va pas rentrer dans l'économie touristique. Donc toute cette observation-là, elle est extrêmement compliquée. Il ne faudrait plus croiser beaucoup de données. Peut-être que l'IA nous aidera un jour à croiser ces données. »
C'est-à-dire que l'IA, on peut imaginer dans le futur, peut te dire tu fais ta requête sur ton ordinateur et tu sais exactement en temps réel combien ton territoire, ta ville, ton département a accueilli des touristes et qu'est-ce qu'ils ont fait ?
« Oui alors ça par exemple on le sait, alors c'est pas de l'IA, c'est l'observation des antennes téléphoniques qui nous disent il y a tant de téléphones portables de telle nationalité sur votre territoire, à tel endroit, ils sont arrivés à telle heure, ils sont partis à telle heure. Donc ça on le sait sauf qu'on ne sait pas discriminer là-dedans ceux qui sont venus pour des raisons professionnelles ou ceux qui sont venus pour des raisons personnelles qui ont été logés chez leur grande tante et ceux qui sont réellement venus pour visiter. Donc il faudrait effectivement aller beaucoup plus loin dans l'observation, le croisement de certaines données, ces téléphones portables et puis peut-être je sais pas les dépenses carte bleue qui ont pu être faites, pour pouvoir avoir des ratios intelligents sur réellement le nombre, la puissance de l'économie touristique. »
Christelle, tu évoquais tout à l'heure la question du prix dynamique, ce qu'on appelle le yield management dans le monde du tourisme, c'est le fait de quand on achète, quand on voyage en train ou en avion, on a autant de passagers que de prix différents. Selon toi c'est un vrai sujet important, comment est-ce que l'IA ça va impacter la question du yield management et est-ce que l'IA pourra être capable de gérer une tarification dynamique et au final est-ce que c'est bien pour le touriste ou pour le voyageur ce sujet de IA + yield management ?
« Alors le yield c'est une forme d'IA en fait, parce que c'est du prédictif, on va ingurgiter des données de l'année précédente et puis on va en fonction de certains critères moduler, donc l'IA a toute sa place pour améliorer justement ce yield. Bon c'est à la fois une chance parce que ça permet d'offrir des coûts qui sont parfois plus acceptables dans des périodes basses, donc de lisser finalement le tourisme vers une fréquentation qui est plus linéaire on va dire, qui est moins sous la forme de pic. On sait que le pic aujourd'hui c'est quand même ça qui crée le pic de carbone, de pollution, donc si on lisse tout ça c'est quand même l'idéal. Donc oui ça c'est sûr que l'IA va améliorer encore le yield et vraisemblablement elle va pouvoir trouver, elle va pouvoir permettre de trouver des modèles financiers je pense plus évolués. Je m'explique, nous quand on fait du slow tourisme, on a un tiers d'acteurs touristiques et deux tiers d'acteurs qui sont pas touristiques. Donc je vous expliquais, ça peut être l'artisan qui fait visiter son atelier, ça peut être le vigneron qui fait visiter sa cave et tout ça finalement va pas rapporter énormément d'argent au vigneron ou à l'atelier mais beaucoup à l'hôtel parce que lui l'hôtel il a besoin d'avoir des activités autour de lui. Et on peut imaginer en tout cas dans un avenir positif et enjôleur que cette économie elle s'équilibre parce que finalement c'est grâce à l'artisan ou au charpentier qui a refait son moulin. Nous on a ça ici, un charpentier qui a refait un moulin magnifique mais à 5 euros la visite il peut pas trop se permettre d'ouvrir toute l'année vous voyez. Et pourtant l'hôtel il serait bien content qu'il ouvre toute l'année. Donc finalement équilibrer les business models, peut-être rendre à d'autres une partie de la plus-value parce qu'elle est nécessaire au fonctionnement global de la chaîne, ça je pense que ce sont des modèles qui pourraient être impulsés par l'intelligence artificielle. C'est à dire que ce serait un yield positif, ce serait un yield où non seulement bien sûr le touriste pourrait payer moins cher dans des phases où il est plus souhaité mais aussi où peut-être qu'on soutiendrait beaucoup plus une économie qui est, on va dire, plutôt sociale et solidaire aujourd'hui. Mais parce qu'en fait elle enrichit par ailleurs d'autres acteurs touristiques voire la politique d'un village qui se meurt et qui finalement va réussir à entretenir grâce à ça un bar ou des concerts qu'il ferait le soir. L'attractivité finalement, l'attractivité globale. Moi ça c'est un petit peu mon espoir, je rêve. »
Tu y crois ou pas ?
« Je veux croire aux bonnes idées en fait et je pense honnêtement que c'est quand même l'avenir, l'équilibrage des modèles financiers c'est l'avenir. Le capitalisme individuel c'est un peu fini quand même. Aujourd'hui il faut des modèles mixtes. Les modèles de la culture par exemple vivent presque plus du mécénat et de l'argent public que du prix de l'entrée dans les outils culturels. Il faudra peut-être un jour que ça arrive dans le milieu du tourisme parce qu'il y a des acteurs touristiques qui ne sont pas rentables et pourtant ils sont très nécessaires. »
Et l'intelligence artificielle par sa capacité à favoriser la découvrabilité pourrait favoriser ce jour d'initiative.
« Oui et puis elle pourrait tout simplement se dire à telle période si les gens viennent, ils viennent pour visiter le moulin donc vous, monsieur l'hôtel, vous devez rétribuer le moulin 5 euros de plus par nuitée que vous aurez parce que sans lui votre hôtel ne fonctionnera pas. »
Parfait alors Christelle ma prochaine question va commencer par une petite anecdote. On va parler de désinformation, on va parler de fake news. Je t'explique. À l'été 2023 un article publié sur le site de MSN Travel, donc de Microsoft, sur les 15 attractions incontournables à faire à Ottawa au Canada identifiait la banque alimentaire comme un lieu à voir absolument. Ça a provoqué un tollé phénoménal. Microsoft a fait retirer l'article en reconnaissant qu'il avait été écrit par l'IA et non vérifié par un humain. Ma question pour toi c'est de savoir comment les organismes publics et privés dans l'Aube en France ou ailleurs dans le monde du tourisme devraient aborder ces risques de désinformation, ce qu'on appelle les hallucinations de l'IA, en matière de promotion touristique pour être sûr que quand on vérifie quand on lit un contenu publié en ligne sur un site web qui fait une promotion touristique ça soit quelque chose qui est réel à forte valeur ajoutée et qui soit réellement cohérent ?
« Alors déjà cette désinformation, ce royaume du mensonge là c'est vraiment ma plus grande crainte face à l'IA. Bien sûr on va assister à une mort de certains métiers, une reconversion, ça c'est le cas de tous les progrès. L'innovation est toujours destructrice, c'est pas moi qui l'ai dit, mais le vrai problème c'est la vérité de ce qu'on va nous présenter et moi je crains et c'est déjà un petit peu le cas quand on regarde les réseaux sociaux qu'on ne croit plus en rien et tout ce qu'on va voir on ne saura plus en fait ce qui est vrai, ce qui est plus vrai. Alors ça c'est à la fois une chance pour le tourisme parce que finalement on se dit qu'aujourd'hui visiter sur le web c'est bien mais on ne sait pas finalement, on ne sait pas si ce château réellement dans cet état là ou s'il a été amélioré par l'IA ou s'il est meublé par exemple, mais finalement le touriste lui quand il va venir lui il va toucher, il va vivre et il va avoir une expérience, pour le coup, réelle. Donc ça d'abord c'est presque une chance, bon il n'empêche que le risque reste majeur, le risque de fake news, le risque d'emballement médiatique sur des, et on le voit là, il y a pas mal de tourisme bashing sur certains points qui ont été amplifiés par l'IA même si peut-être qu'à la base c'est pas complètement faux. Mais donc nous on aura, et ça commence à exister, un vrai rôle de labellisation de la bonne donnée, de la donnée vraie. Donc ça ça va être, alors est-ce que ce sont nous, c'est nous organismes du tourisme qui devrons faire ça, je pense qu'il y aura des organismes, ça va être un vrai métier ça, de qualifier la donnée et la véracité de la donnée mais elle va pouvoir être générée à la volée tellement vite, tellement précisément, ça va être tellement beau que de toute façon c'est comme tout label, ça n'engagera que ceux qui le produisent. »
Donc comment est-ce que tu fais pour t'assurer qu'un contenu publié sur le département de l'Aube ou sur la ville de Troyes est vrai, est-ce que toi tu as déjà dû faire face à des situations où il y a des contenus publiés par l'IA ou par des gens qui n'étaient jamais venus mais qui critiquaient ou qui publiaient des informations sur les destinations que tu défends ?
« Alors les gens oui, c'est sûr, sur les avis on a souvent des faux avis, donc là on intervient, parfois on intervient en tant qu'agence départementale du tourisme en disant qu'on a pu vérifier que cet avis était faux. Ça dépend des sites d'avis, parce qu'il y a des sites où on peut faire retirer l'avis, d'autres pas. Donc ce sera vraisemblablement la même chose mais le problème c'est d'attaquer les choses à la source et ça, pour l'instant on n'a pas vu dans l'Aube des outils qui nous ont généré des fausses, de l'IA qui a généré de la fausse information mais oui évidemment ça arrivera et à part être garant sur nos outils de communication de la véracité de ce qu'on publie, malheureusement je pense qu'on ne pourra pas enrayer la diffusion d'une fausse information. Ça c'est vraiment le gros problème de toute façon et ça va être le problème dans tous les métiers, dans toutes les diffusions d'informations. »
D'accord, alors justement en parlant des métiers, selon toi est-ce que l'IA est en train de changer les métiers du tourisme ? Est-ce qu'il y a des emplois à risque ? On avait évoqué rapidement les agences de voyage en début d'entretien et surtout si on se projette un peu dans le futur, c'est quoi les métiers du futur du tourisme dans un monde où l'IA serait totalement démocratisé ?
« Oui évidemment ça va complètement changer les métiers, ça c'est sûr. Dans le tourisme pas plus qu'ailleurs finalement parce que l'industrie touristique telle qu'on l'imagine quand on n'est pas trop dedans, c'est-à-dire l'accueil, le service, ça je pense que ce sera toujours très apprécié à moins qu'on soit accueilli par des humanoïdes extrêmement empathiques et qu'on leur préfère l'humain, mais pour l'instant c'est quand même pas le cas. Donc tout ce qui est industrie de l'accueil, la qualification des données, mais pour ça il faut être sur le terrain. En fait je pense que ce qui va mourir c'est tous ces gens qui font du tourisme derrière leurs postes, tous ces gens qui pensent qu'à partir d'une tour de la Défense ils vont pouvoir gérer les parcours touristiques partout en France parce que tout est sur internet et qu'ils vont générer des choses qui vont pouvoir être achetées par l'internet. Ça c'est fini, l'IA le fera beaucoup mieux. En revanche à partir du moment où on est sur le terrain, là je pense qu'on a bien sûr une qualification des données, surtout dans nos territoires ruraux parce que c'est pas Google qui va venir observer nos territoires ruraux en priorité évidemment, même si Google Maps est déjà passé un peu partout, mais c'est quand même très pauvre pour l'instant comme données. Donc aller qualifier de la donnée, la donnée qui n'est pas forcément visible sur le web, ça va être un outil, ça va être un vrai métier. L'accueil, ça va être un vrai métier et puis on en parlait, la vérification. Pourquoi mon séjour qui a été planifié par l'IA ne fonctionne pas ? Pourquoi ? Parce que peut-être que l'IA n'a pas vu qu'à cet endroit là les gens ne peuvent pas se restaurer, ou ils ne peuvent pas aller faire pipi, ou ils ne peuvent pas... Enfin voilà, il y a plein de petites choses que l'IA au début, ou en tout cas, va oublier et qu'il va falloir aller vérifier sur le terrain. Le diable est dans les détails. »
Est-ce qu'il peut conduire à des mauvaises expériences touristiques ?
Ah c'est sûr, c'est évident.
Quand tu arrives sur je sais pas une gare SNCF, tu peux pas louer de voiture alors que Google Maps on te dit qu'il y a un loueur de voiture, du coup tu es bien embêté…
« C'est ça, exactement. Quand on arrive dans un hôtel ou dans une chambre d'hôte, là déjà je l'ai vu ça, chambre d'hôte et Google nous dit qu'il y a une piscine, en fait la piscine municipale est à 50 mètres. C'est quand même pas pareil. C'est pas une piscine privative. Donc là c'est vrai que les erreurs comme ça, on va en avoir, enfin on en a déjà beaucoup, sauf qu'aujourd'hui c'est l'internaute dans sa requête qui fait l'erreur, demain l'IA elle va synthétiser tout ça, elle va l'expliquer dans un langage extrêmement enjôleur et qui sera complètement faux. »
Donc pour toi les métiers du tourisme finalement ils vont évoluer mais évidemment ils vont pas disparaître. On n'est pas sur une industrie qui va vraiment être à risque par rapport à d'autres secteurs d'activité qui peuvent être plus menacés par l'IA.
« Bah non, parce qu'en fait l'IA elle va supprimer une partie de notre temps de travail, peut-être même notre travail mais bon ça c'est un autre sujet. Mais en tout cas quand elle va améliorer, on va travailler moins, on va travailler différemment, donc on aura plus de temps pour le loisir. Donc je pense qu'au contraire, au même titre qu'aujourd'hui quand on fait du tourisme d'affaires, on appelle ça maintenant le "Bleisure", c'est le "Business and Leisure". Il faut aussi se divertir quand on va quelque part parce qu'on n'accepte plus de travailler deux jours de suite. Non, il faut aussi se divertir et la visio n'a pas remplacé le bonheur de se côtoyer et de faire des actions ensemble. Au contraire, aujourd'hui nos congrès ils sont beaucoup plus qu'avant centrés sur la cohésion humaine et l'expérience collective que sur la pédagogie et le fait d'être assis dans un amphi et d'écouter une personne. Ça c'est fini, ça c'est la visio, c'est le privilège de la visio. Mais le fait de se réunir ensemble, ça c'est très important, de faire du réseau, de se rencontrer, de faire de l'entregent, ça c'est très important. Et ça pour le coup, ça va je pense au contraire être revalorisé par l'IA. »
D'accord, parfait. Alors avant de conclure cet épisode, Christelle, pour les gens qui nous écoutent, qui ne connaissent pas ni la ville ni le département, en quelques mots pourquoi est-ce qu'il faut venir à Troyes ou dans l'Aube découvrir ces territoires et faire du tourisme ? Il y a quoi y faire, il y a quoi y voir ?
« Parce que vous allez justement voir des choses que vous ne verrez pas grâce à ChatGPT qui aujourd'hui quand on lui pose des questions sur Troyes nous parle aussi de la Bourgogne qui certes n'est pas très loin mais quand même, parce que finalement vous allez prendre le temps et c'est vraiment ça notre argumentaire, c'est de se dire qu'ici les choses ont été préservées, les gens aiment se parler donc on est à la fois dans la rencontre avec l'histoire puisque on a un territoire à la fois un patrimoine et une nature et des métiers qui ont été préservés, les vignerons ils font quand même ça depuis quelques centaines d'années, je parle des vignerons mais je pourrais parler des agriculteurs, nos bâtiments en pans de bois ils vous font rêver parce qu'on a l'impression d'être au Moyen-Âge et tout ça finalement ça participe d'un imaginaire humain extrêmement satisfaisant parce qu'il est simple, parce qu'il est déconnecté, parce que finalement il rend grâce à ce qui est réellement le bénéfice du voyage, c'est la rencontre, c'est l'altérité. »
Donc c'est une ville historique préservée… moyen-âge, Renaissance, des magasins d'usines, nature, grands lacs...
« Oui, des magasins d'usines, maintenant il y en a à beaucoup d'endroits mais c'est vrai que chez nous l'avantage c'est qu'en deux heures vous faites 45 000 m², c'est assez énorme, c'est des surfaces énormes donc c'est très intéressant. Oui, c'est ce patrimoine préservé qui se voit à pied, bien sûr nos musées exceptionnels notamment sur l'impressionnisme, la cité du vitrail puisque nous sommes le pôle en France qui est le plus important pour comprendre la technologie du vitrail et le vitrail c'est pas juste le 15e siècle, le vitrail c'est aussi aujourd'hui une autre manière de décorer, de faire passer la lumière dans du bâti contemporain. Donc la cité du vitrail, puis nos grands lacs et puis notre champagne bien sûr, la visite des cables, la visite des vignes. »
Le deuxième producteur de France en matière de champagne…
« Oui, c'est ça, voilà, et puis surtout premier producteur de Pinot Noir parce qu'il y a plusieurs cépages dans le champagne, le Pinot Noir étant un cépage très important et pour lequel la Côte des Bars produit 98% de Pinot Noir. »
D'accord, est-ce que tu as juste un chiffre peut-être combien de touristes sont venus dans l'Aube cette année, l'année dernière ?
« Ça dépend si on parle de nuitée marchande ou non marchande, on est à 5 millions de nuitées marchandes et non marchandes. En marchand je pense qu'on doit être à 1,2 million de nuitées. Bon, c'est un département, finalement, tout tire bien son épingle du jeu au regard de son histoire et on est en croissance à deux chiffres sur le tourisme. Notre argument, c'est la surprise. Quand on vient, on ne s'imaginait pas. »
Écoute, j'espère que le message est passé. Alors Christelle, à la fin de chaque épisode, l'invité du jour doit répondre à une question posée par l'invité précédent. En attendant d'écouter la tienne, je te laisse écouter celle de Gilles Moyse qui est docteur en intelligence artificielle, auteur et fondateur de la startup reciTAL. On l'écoute.
« Est-ce que l'IA générative est une révolution profonde ou une nouvelle bulle technologique ? »
« Oui, je pense que c'est réellement une révolution profonde. C'est bien plus que le téléphone portable. Je pense que c'est presque du niveau de la révolution qu'a amené Internet. C'est énorme. C'est énorme. En fait, ça va être notre nouveau compagnon. »
Sauf qu'Internet a mis quasiment 15 ans à toucher tout le monde. Là, en moins d'un an, ce sont des centaines de millions de personnes qui ont été concernées…
« Oui, maintenant, quand on pose la question autour de soi, il y a encore beaucoup de gens qui n'ont pas testé ChatGPT. Mais il y a déjà, je crois que c'est un Belge qui s'est suicidé parce qu'il est tombé amoureux d'une IA. Donc, ça montre que c'est très, très addictif. »
Parfait. Donc, révolution technologique, on a bien compris. À toi maintenant, Christelle. Quelle question est-ce que tu aimerais poser aux prochaines invitées ?
« Alors moi, j'aimerais savoir si l'IA, notamment l'IA générative, va permettre à nos langues de survivre ou au contraire, va concentrer les langues utilisées dans le monde sur une poignée de langues anglophones notamment, mais j'espère pas uniquement. Mais j'aimerais savoir si l'IA va avoir effectivement un rôle important sur la survie des langues vernaculaires. »
D'accord, parfait, la question est enregistrée. Merci beaucoup de ta participation. Christelle Taillardat, je rappelle que tu es directrice du comité départemental du tourisme de l'Aube. Merci beaucoup d'avoir participé à cet épisode.